Stranger jobs saison 2
Imaginer le travail de demain à l'ère des enjeux sociaux et de l'intelligence artificielle
Contexte
Le 12 décembre 2019, les étudiants du ville durable design lab étaient invités, dans le cadre de AYCH, à animer un business challenge (Intelligence artificielle) – creative jam à l’université de Corse.
Louise Bragard et Benjamin Garnier, étudiants créateurs du jeu, ont été dépêchés sur place pour :
- Adapter le jeu au contexte, réaliser des améliorations
- L’Animer
- Proposer des pistes de développement.
25 personnes ont participé à l’événement : professionnels et entreprises tech, étudiants et professeurs de l’université.
Le jeu a été une déclinaison du Stranger jobs réalisé à Brest en septembre 2019.
Des éléments ont été changés et retravaillés en amont avec Graziella Luisi, directrice de la fondation, et professeur en management, le 2 décembre 2019. Nous avons gardé les secteurs d’activité, et changé / sélectionné les transitions, laissant notamment une carte vierge pour permettre aux participants de dégager des enjeux liés à l’intelligence artificielle, qui étaient présentés dans le cadre d’une conférence d’Yves Demazaud le matin.
Exemples de changement de transition, de reformulation, et de carte vierge
Déroulement du jeu
Pour faciliter le déroulement et une animation à deux, un déroulé a été proposé en diaporama. De nombreuses étapes guident les participants tout au long du process (voir diaporama).
- Une première vidéo réalisée par Benjamin Garnier et Jules Riché met dans “l'ambiance” : elle est assez prospective et joue un rôle d'icebreaker. Pertinence à mesurer dans le cadre de cet atelier qui est dans une prospective 2035.
- L’idée est de tout d’abord travailler sur les transitions, et par là-même de questionner celles-ci. Cela permet de capitaliser, d’échanger librement sur la conférence délivrée le matin. Un brainstorming de 20 minutes est proposé pour ouvrir le sujet (brainstorming libre)
- Puis une étape est proposée sur les impacts concernant les métiers de ces transitions concernant les métiers et les améliorations par rapport aux enjeux de demain.
Piste d'amélioration : proposer de reformuler la partie “solution”, et la mettre à gauche.
Enfin, une étape de description des métiers sur le livret métiers avec un volet sur les compétences.
le volet sur les compétences est particulièrement utile
A l'origine, une partie ayant bien fonctionné à Brest été prévue sur le développement d'une entreprise. Cependant, cette étape a été supprimée à l'initiative des étudiants pour permettre des échanges plus qualitatifs autour des métiers.
Fiche groupe, création de structure finalement pas utilisée dans le cadre de l'atelier
Enfin des éléments sont synthétisés sur un “mur” rappelant les défis et enjeux, les métiers, et aussi les compétences et valeurs (ajouts de compétences).
L'ensemble des éléments de l'atelier peut se retrouver ici
Résultats et réflexions issus de l'atelier
Les réflexions issues de l'atelier
L'atelier a fait émerger des questions et des pistes scénarios intéressants à développer. Deux sont résolument tournés vers une IA toute puissante (au service de l'IA), trois autres vers une co-gestion, une IA au service de.
Groupe 1 : l'IA (régulée) permet d'aller vers plus de collaboratif et de transversalité
- Comment combiner humain et IA : un secteur comme celui de la fonction publique, santé, par exemple pourrait dédier plus de temps à du relationnel humain, l'IA s'attelant à des tâches plus répétitives. Il s'agirait de développer les compétences relationnelles.
- En revanche, attention à la sécurité et à l'intégrité des données, voire de l'IA. Il doit toujours y avoir une supervision pour éviter que l'IA n'aille pas dans le sens d'une certaine éthique, etc. A cette fin, il s'agit de faire en sorte qu'elle “travaille” apprenne à l'aide de données locales, sécurisées, de “confiance”.
- Paradoxalement, l'IA invite à plus de proximité, de relationnel, de “sens collaboratif”. Si celle-ci n'st pas à partir d'algorithmes et de données que l'on ne maîtrise pas. ⇒ invite à relocaliser les données.
Groupe 2 : l'IA au service du développement durable
- L'IA doit être au service d'une régulation, d'une optimisation liée aux problématiques du * développement durable. Elle permet notamment d'optimiser les consommations d'eau, fluidifier le trafic, limiter les points d'affluence. La diversité des données, leur lecture facilitée permet de développer des innovations à partir de matériaux locaux. Une collaboration entre les scientifiques (pour décrypter les données) et les ingénieurs est accrue. Les métiers agricoles basculent vers des gestionnaires d'IA.
Groupe 3 : l'IA locale permet d'anticiper les besoins & risques locaux
- Des data localisées permettent de transformer le métier d'urbaniste en “data analyst”, pour une meilleure adéquation à l'environnement. Aussi les données collectées doivent être locales, même si elles peuvent s'appuyer sur des modèles externes à analyser. Elles sont les ressources qui doivent être équitablement réparties pour une compréhension fine des enjeux.
Groupe 3 (bis) : un enseignant coach - guide plutôt que "sachant"
- Dans un scénario ou l'enseignement sera largement mis à disposition par une intelligence artificielle, l'enseignant est un coach permettant d'orienter l'apprenant, de partager des expériences (un “passionnateur”). Il fait le lien entre les élèves et la bibliothèque de savoirs proposée par l'IA. Il apprend et fait expérimenter les ressorts de la collaboration.
Groupe 4 : quelles frontières entre le virtuel et le réel ?
- Le groupe a questionné la possibilité d'avoir in fine un monde virtuel, avec ses régulateurs, sa logique, ses gardiens, son esthétique, ses métiers… etc. Des métiers non virtuels dans le virtuel.
Groupe 5 : que des gestionnaires au service de l'IA (et pas des autres) ?
- Faudra-t-il faire appel à des régulateurs de la donnée ? Les métiers seront-ils au service de l'IA (avec des gestionnaires de logiciels) ? Ou faudra-t-il faire appel à des gestionnaires d'identité numérique pour y échapper ?
Dans ces scénarios, qui permettent d'afficher une prise de recul, deux grandes tendances apparaissent. Soit l'IA libère (du temps) : on tend vers plus de qualité des rapports, du “temps” alloué. Soit on se met au service de l'IA, avec les risques que cela comporte… Ici c'est l'extrême technicité et des compétences en mouvement pour maîtriser les outils, les développer.
Défis
Ces scénarios mettent au jour des points clés qui sont de nouveaux défis :
- Quid d'une IA nourrie et apprenant à partir de données qu'on ne maîtrise pas ? Comment territorialiser l'IA
- Comment travailler dans une réelle co-opération ? et une complémentarité ? Les outils nécessaires sont à la fois techniques poussés (et essentiellement travaillés à l'aide de tutoriels) et dans le sens du collectif et de l'éthique.
Retours des parties prenantes
- Consultant : le déroulé a été jugé trop « guidant », sans percevoir toujours la finalité de l’exercice. Il s'agirait de donner un cadre plus qu'un guide pour permettre de s’approprier les règles, fluidifier les étapes
- Etudiants : Les étudiants (M2, largement au fait de ces sujets) ont apprécié des temps d'échanges pour pouvoir discuter de ces sujets et ont regretté de ne pas pouvoir aller plus en profondeur sur des thématiques.
- Pour la Fondation de l'université de Corse : le jeu a permis de dégager des pistes intéressantes liées à l’évolution des métiers.
- Pour Volpy, c'est un bon moyen de réfléchir collectivement à des problématiques communes.
- Pour Sandrine Noblet, maître de conférences en économie gestion, le jeu, par son caractère ludique, a aussi un réel potentiel sur les salons d'orientation : il permet de mieux percevoir les finalités et potentialités des formations (plutôt que de cibler sur des métiers).
Vidéo des retours ici :
Pistes à développer : réflexion sur le contexte du jeu
- Le jeu remplit bien son office pour sensibiliser à une question et provoquer des questionnements. Il pourrait être prolongé par l'écriture d'un scénario, d'une vidéo, raccourci pour aboutir plus vers des questionnements. Le format a permis de bons échanges.
- Ce jeu est plus un élément propre à favoriser des discussions, des questionnements, plutôt que porteur de réelles avancées sur le sujet.A cette fin, une vraie valeur ajoutée aurait été de solliciter l'avis d'un expert pour répondre aux questionnements des tables, et de raccourcir le temps de jeu proprement dit ou de le cadrer autrement.
- Quid d'une application dans les salons pour sensibiliser aux différentes filières, à la portée des questionnements sur des filières… Le jeu est ludique et permet de mieux faire comprendre les finalités des formations. Prévoir une version pour des salons ?
- Réflexion sur le jeu entrecoupant une conférence, permettant de faire émerger des questionnements par rapport au discours (outils adaptés en fonction du discours du locuteur).
- Proposition devant être faite au groupe d'étudiants de continuer à développer ce jeu pour faire des animations sur des salons ? / monter une entreprise sur ce type de prestations ?
Documents
Ensemble des documents incluant le diapo de déroulé en téléchargement ici : Dossier stranger jobs