Online Creative jam @L’Ecole de design et Centre Michel Serres
Consolider et créer les outils d'une collaboration online (2)
Le Creative jam a réuni des étudiants de L’Ecole de design et du Centre Michel Serres (11). L’objet du Creative jam a été légèrement modifié par rapport à son format original qui tendait vers la production de prototypes fonctionnels en 3 jours. En période de confinement, l’idée était de modifier le format pour ouvrir des pistes créatives (prototypes d’images) au lieu de prototypes fonctionnels. Ces images ouvrent la voie à des développement futurs. Nous avons décidé de travailler sur deux outils : Miro pour un tableau partagé dédié et Zoom.
Creative jam online on zoom avec room dédiées
I. Un creative jam particulier
Objet : un format modifié
Ce creative jam avait également la particularité de se dérouler suivant un format particulier avec des étudiants de Master 2 en nombre réduit.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ces choix de format et de nombre. Il s’agissait d’un premier creative jam en ligne. Il s’agissait de :
- Mieux s’adapter à une situation en ligne,
- Travailler aussi bien sur l’outillage (1er creative jam online, public de M2) et une posture réflexive en vue d’un transfert de méthode pour les autres hubs suite à la décision de poursuivre des activités en ligne.
- bouger le format du creative jam et mieux l’articuler à l’ensemble du processus AYCH : interroger et mettre au jour des défis plutôt que proposer des solutions (qui pourraient être proposées dans le cadre d’incubations).
Une équipe pluridisciplinaire
Ce creative jam a réuni 9 étudiants du Centre Michel Serres en Master 2 (divers champs disciplinaires tels que l’urbanisme, la sociologie), ainsi que 2 étudiants de Master 2 de l’Ecole de design Nantes Atlantique.
L ‘équipe encadrante était composée de :
- Florence Bazzoli; Directrice adjointe du CMS, spécialiste des questions de prospective,
- Anaïs Jacquard, architecte designer, responsable pédagogique du City design lab de l’Ecole de design Nantes Atlantique,
- Florent Orsoni, directeur du City design lab à l’Ecole de design Nantes Atlantique.
- A noter que Louise Bragard, étudiante en Master 2, a été également intégrée à l’équipe projet dès l’amont, et a pu coacher une équipe en particulier.
Objectifs pédagogiques
- articuler des outils de prospective (notamment sur la question des imaginaires)
- savoir composer une image… qui questionne
- générer des pistes créatives et un débat autour d’apprendre demain, mais aussi des enjeux sociaux tels que l’intelligence artificielle, la transmission des savoirs… etc.
Faire un renvoi vers l'onglet spéculative design ?
II. Un nouveau format de Bright mirror
Pour interroger ce format creative jam et déboucher sur des pistes de projet viables plutôt que des prototypes, nous avons développé le bright mirror (voir les versions précédentes ici) sur un atelier de 3 jours. Il s’agissait dans le cadre de cet intensif de 3 jours de croiser « prospective » et « design ». Plus simplement: il fallait se baser sur une construction prospective pour ouvrir de nouvelles pistes « créatives » de services sous forme d’images scénarisées plutôt que des prototypes de forme.
Un outil a été construit tout au long de ce creative jam sur la base de :
- la cinétique du jeu bright mirror (à relier avec un Workshop réalisé par un groupe d'étudiants en parallèle)
- D’éléments de prospective injectés par le Centre Michel Serres.
- Nous avons supprimé par exemple ca coupure de journal pour y intégrer plus de dimension de récit et d’histoire. L’idée était d’affiner le récit imaginaire (développé en J1) avec des éléments de prospective (en J2) et des illustrations (en J3).
Développement d’une base bright mirror « online »
Un atelier Miro a été mis en place avec 6 étudiants de L’Ecole et Louise Bragard une semaine avant le creative jam pour tester des dynamiques de jeu en ligne. Ce workshop d’exploration Miro sur 3 jours a permis de dégager une cinématique de jeu, un enchaînement de séquences et une utilisation optimale des outils (renvoi au workshop ici). Nous avons compris que les modalités online changeaient radicalement les façons de faire
Simplification du gameplay, du design fiction et de la prospective
Un travail sur le déroulé a eu lieu avec Florence Bazzoli pour articuler des éléments de prospective pour améliorer le potentiel de créativité des projets. Nous avons convenu dans le cadre d’un créative jam de définir des axes de projets qui pourraient ensuite être repris plutôt que de pousser des prototypes. Cette approche s'avère nettement plus porteuse pour la suite.
Cette version du Bright mirror online (Future cities) est également un outil design : il s’intègre dans une dynamique de design fiction qui problématique plutôt qu’il ne concrétise des solutions. Il s’agissait de se projeter vers des futurs souhaitables en intégrant le Bright mirror(élément de projection fort), mais en allant y « coller » une démarche de prospective permettant de faire émerger des scénarios réalistes.
Structuration globale du MIRO : : un tutoriel pour l’utilisation, des capsules sur les éléments clés, sur la gauche, des instructions étape par étape et sur la droite, les différents tableaux à remplir alternant texte, photos, et tableaux.
III- Déroulement du Creative jam
Introduction : Les grandes étapes
Quelques étapes étaient ainsi proposées suivant une dynamique :
- recueil des représentations
- intégration d’éléments de prospective
- propositions questionnantes imagées.
Quelques workshops jalonnaient les 3 jours : Présentation questionnement sur l’image et le design (Florent Orsoni) La ville du ¼ d’heure (Florent Orsoni d'après Carlos Moreno) La prospective (Florence Bazzoli d'après Philippe Durance) L'image (Anaïs Jacquard)
1. Journée 1 : recueil des représentations
1ère partie (1ère 1/2 journée) input et discussions globales Introduction de AYCH et des objectifs du centre Michel Serres Présentation de l’objectif du creative jam : apprendre demain et notion de qualité de vie
- Input n°1 : le design, l’image entre pouvoir d’évocation et mensonge (apprendre à bien utiliser l’image)
- Input n°2 : la question des apprentissages, de l’apprenance (retours des apprenants du centre michel serres)
- Input n°3 : présentation de la matrice Haute Qualité de Vie Sociale, ville du quart d’heure: ses limites, ses atouts.
Discussion libre
Fin à 11h30
Pendant la pause méridienne, les étudiants étaient invités, à partir de ces inputs à trouver les éléments qui représentent la qualité de vie idéale (3 mots, 1 ou deux visuels)
Quelques visuels et post it sur l’outil miro autour du recueil des représentations.
2ème partie (2ème ½ journée) travail sur les imaginaires Reprise à 14h
- Travailler sur les imaginaires
- Chacun expose les imaginaires, on rassemble et fait des groupes à partir d’imaginaires différenciés ou communs
- On approfondit le contexte : qui, où, quoi, quand ? Et on pose des premiers éléments d’un récit.
Pose des premiers éléments du récit
Fin à 17h30 sur un échange commun / récit
Jour 2 : Reprise à 9.30 en autonomie
Les étudiants, avec l’aide de Louise Bragard ont notamment travaillé sur un outil de mise en récit.
FOCUS : outil de mise en récit pivot dans le bright mirror
Matrice de création de récit réalisée par les équipes de Louise Bragard. On notera que cette structuration va être particulièrement efficace pour intégrer des éléments de prospective dans le récit (faits, conséquences).
La difficulté à créer des récits est caractéristique du Bright mirror. Pour faciliter cette écriture, Louise Bragard a proposé une matrice intégrant :
- Un point de départ
- Des faits ou actions 1 2 3 (effet réel ou points de transformation)
- Un point d’arrivée / horizon (élément très important dans la prospective)
- Des conséquences (des moyens ou des outils)
une point d’arrivée : à noter, il est important que ce point d’arrivée de situe dans une approche de prospective à 30 ans pour définir un cap, des jalons.
⇒ faire un renvoi dans matrice de récit ? pour intégrer les commentaires ?
Points d’amélioration à noter: Le vocabulaire, difficile à comprendre pour tous, devra être explicité dans la matrice. Cet outil semble intéressant pour y intégrer ensuite des éléments de prospective (faits qui pourront être étayés par des éléments).
Des récits et des tableaux d’images ont aussi été développés par les autres groupes.
10h30 - 11h: retour sur les récits
Note critique sur l’étape Faute de cadre suffisant au départ, certains récits étaient trop décollés de la réalité pour pouvoir se rattacher à des éléments de prospective : faut-il recaler l’année / le point d’arrivée ? Trop d’exercices donnés avec un risque, à travers le récit, d’avoir un bloc moins facilement modifiable par la suite : utilité d’un récit monobloc à discuter tant sur le fond que sur la forme.
Deux workshops ont été ensuite proposés pour intégrer des éléments théoriques :
- 11h - 11h30: Workshop prospective, éléments de méthode (F. Bazzoli)
- 11h30 - 12h00 : Introduction à la conception d’images (Anaïs Jacquard)
L’après-midi a été consacré pleinement à l’Intégration d’éléments de prospective dans les contextes proposés, avec le coaching de Florence Bazzoli :
- comment on intègre des éléments factuels issus de la sciences prospective (Enrichissement des jalons par des éléments de prospective)?
- Comment on fait “atterrir” ces idées à l’échelle d’individus, d’opérateurs ?
- Les récits ont été ainsi enrichis de ces éléments factuels permettant de faire le lien.
Note critique sur l’étape Nous avons sans doute à travailler sur un outil permettant de mieux s’approprier des éléments de prospective : aussi bien dans les axes prospectifs que dans la structuration de notre récit L’enrichissement prospectif apporte une réelle plus value et un croisement d’approche fertile : le bright mirror permet de définir un futur souhaitable, les éléments de prospective les moyens à articuler pour y parvenir. Enfin, la présentation d’Anaïs aurait dû se faire en particulier sur le J3 : trop de choses ont été lémangées quand il fallait réduire les objectifs de production.
Jour 3 : aboutir et prototyper des galeries de portraits de territoires
Une séquence particulière a été ensuite proposée pour définir pour chacun des images à construire à partir de situations de vie vécues par des personae pour constituer des galeries de portraits de territoires. La galerie de portraits de territoires a été compliquée à définir. Il s’agissait dans l’optique du creative jam de définir des métiers, des compétences, des axes de projets à travers d’images. Il s’agissait de :
- produire 4 images (1 de contexte, 3 « portraits »)
- Un court narratif pour chaque portrait
- Des actions à mener dans le cap (types de projets / axes possibles),
- Des questionnements ouverts.
Objet de l’étape : une approche du questionnement plutôt que de la solution Cette étape avait pour but de faire apprendre les méthodes de constructions d’images. (vidéo Anaïs) qui définissent les axes forts d’un pitch anti solutionniste. Le pitch antisolutionniste propose des axes forts de questionnements des pistes de projets plutôt que des solutions sur étagère.
Cependant, les premières images réalisées étaient trop abstraites pour être vraiment des prototypes.
Une première présentation trop abstraite pour réellement se projeter, qui a aidé à la construction de l’univers.
Suivie d’un parcours avec un enfant en personnage principal permettant d’identifier des pistes créatives de projet, un univers… etc.
Note critique sur l’étape Une discussion entre les encadrants : fallait-il commencer par un travail sur l’image globale ou sur les portraits ? Un risque de perdre les étudiants avec un niveau trop abstrait ? Des résultats réellement questionnants et prospectifs, qui dégagent un univers créatif fort.
Conclusion : Analyse globale de l’atelier, recommandations
1- Avons-nous réussi à réunir prospective et design ? Il a été réellement difficile de poser un imaginaire sur le futur, avec n imaginaire parfois trop imaginaire… Cependant, nous avons des premiers outils d'articulation récits et éléments factuels de prospective qui peuvent s'avérer intéressants pour des développements de prochains AYCH futures et notamment un bright mirror online. “ Le principal intérêt de ces scénarios tangibles, ancrés dans des usages quotidiens, est de rendre accessible au plus grand nombre des problématiques complexes et systémiques. Les designs fictions viennent également nourrir les débats publics ou internes aux organisations avec de nouvelles perspectives, souvent provocantes. Ces nouvelles visions sont autant de voix qui s’expriment et de retours à considérer pour éclairer les décideurs publics.” B. Kerspern, Horizons publics.
2- Viabilité d'ateliers online ?
- Nous avons globalement respecté la dynamique classique du creative jam offrant Workshops et moments de travails articulés, avec une réalisation de prototypes. Le couple apports (techniques et théoriques) & moments de créativité qui a bien fonctionné.
- En revanche, il ne s'agissait pas de prototypes tangibles mais plutôt d'images. Les étudiants concernés ont cependant acquis des techniques de mise en image. Une production online dans le cadre d'ateliers n'est pas la même que celle d'ateliers in situ.
- Une très bonne ambiance de travail sur 3 jours et des productions finales convaincantes pour dessiner des scénarios du futur à travers des images et surtout des protagonistes persona. Un risque cependant de s'éloigner trop dans des imaginaires si l'on ne respecte pas un horizon et des objectifs clairs et atteignables. Comme le souligne G. Berger, père de la prospective: “Dans les études prospectives c'est lui (ndlr : l'homme), du moins, qui donne l'échelle.”
3- Vers une évolution du creative jam ? Ces nouvelles modalités créatives sont plus adaptées à 3 jours avec des M2 qui peuvent ensuite continuer à développer des projets tangibles. Le créative jam donne ici plus de matière à réfléchir pour développer un projet futur qui ait plus d'impact et de sens. Gaston Berger cite Paul Valery : Paul Valery déplorait qu'on ne se posât point la question essentielle : Que veut-on et que faut-il vouloir ?
4- Clarifier les objectifs et la trajectoire Le manque de clarté de la trajectoire dès le départ et risque de perdre des étudiants qui sont allés très loin sur l’étape 1 avec des difficultés à atterrir.
5- Le temps en ligne est double du temps en présentiel Des modalités en ligne différentes en terme de temps : temps plus allongé dans l’exécution des tâches
Retours d’une participante au nom des stagiaires du Centre Michel Serres
6- Outils
- Cet atelier nous a confortés dans le choix d'utiliser MIRO (particulièrement adapté, achat de licenses prévu)
- Une complémentarité avec Slack pour le suivi des groupes, des demandes techniques, l’introduction de partenaires experts.
- Des nouveaux outils sont apparus en particulier la matrice
- Le tuto création d’images / prototypes est particulièrement intéressant pour de futurs creative jam.
7- Développements à venir
- Beaucoup reste à faire mais une dynamique de jeu qui fonctionne. Nous projetons de préparer des templates améliorés sur MIRO pour que l’ensemble du partenariat puisse développer des creative jam en ligne.
- Un nouveau développement du bright mirror online doit être réalisé avec les étudiants de l’école en vue d’une transmission à l’ensemble des partenaires les 27 et 28 avril.